Les grands chocs géopolitiques ou civilisationnels se traduisent s’’incarnent, s’illustrent et se nomment toujours à travers d’intenses moments de bouillonnement artistique et culturel.
En retour ces chocs sont eux mêmes modelés et transformés par ces courants avec lesquels leurs traces dans l’histoire sont désormais confondues .
Ainsi de la révolution industrielle , des mouvements d’émancipation du 19eme et du 20eme , de l’Octobre russe et des deux guerres mondiales , ainsi de l’holocauste et des bombes atomiques, ainsi des luttes anticoloniales ou des affrontements entre les blocs.
Surgissent ainsi des tendances, des écoles, qui font clivage, coalitions ou ruptures .. Les styles, les lexiques, les syntaxes se recomposent et cela et jusqu’à la délimitation même des acteurs et des frontières entre les formes d’expression .
Sous nos yeux, il en va évidement de même de la «traduction» en créations de l’inquiétante donne écologique planétaire et de ses conséquences universelles sur le climat, la biodiversité, l’eau, les sols, les paysages, les espaces de vie. Mais aussi de la résistance et des soulèvements qui montent sur tous les continents .
La perception de bouleversements et d’enjeux inédits à l’échelle de l’humanité, et notamment celle d’un nouveau risque d’anéantissement partiel ou total de la planète par les humains, provoque colère et soulèvements, utopies et retraits, fuite en avant et nostalgie, pulsions de vie et de régression, dans un double mouvement de mondialisation des pratiques et d’aspiration à retrouver là où on est, le vivant et le terrestre .
En témoignent , comme dans les jeunesses , une explosion de créativité , un énorme tourbillonnement dans l’expression des artistes et des créateurs du monde entier .
Dans ce contexte d’entre deux, les tenants des sorties de crise par la régression, la nostalgie, le chauvinisme et la guerre des civilisations , mobilisent désormais dans une stratégie politique consciente, leurs porte paroles, leurs fabricants d’images, de sons et de récits.
Ils établissent partout contre les figures de la migration, de l’écologie, du féminisme, du décolonial et des combats de classe, leurs plans de campagne pour transformer les représentations, discréditer les intellectuels jugés à nouveaux apatrides et cosmopolites, conforter leurs ambitions d’hégémonie.
Alors que se précisent à l’échelle mondiale les menaces de régression et de guerre, quelle vision , quelle conscience et quelle analyse, ont les écologistes et les créateurs soucieux d’écologie, de ces affrontements de fond et des enjeux de mobilisation des arts et de la culture?
En quoi l’écologie change t elle la donne sur le «front de la culture» et en quoi la culture est elle aujourd’hui indispensable à l’écologie pour qu’elle surgisse vraiment comme projet de mode de vie collectif et comme alternative globale de société ?
Comment, sans en réduire ni la richesse ni la diversité, sans reproduire des formes antérieures et sclérosantes d’embrigadement, est il possible avec les artistes et les créateurs et grâce à eux,de construire la grande coalition pour le vivant, pour le terrestre, pour l’égalité, pour l’émancipation de l’humanité.
Échanger sur ces sujets, voila l’exercice auquel nous vous invitons à l’occasion de ces deuxièmes rencontres de Cluny.